Avant de commencer, j’aimerais rappeler ce qui se produit devant nous. On est dans un système économique qu’on nomme capitalisme, dans lequel une minorité possède des moyens de production et s’en servent en achetant la force de travail de la majorité, ce qui génère plus d’argent qu’ils en ont investi. Ca crée 2 choses : les capitalistes ont des intérêts communs à nous maintenir dépendant du système économique, et la population a un intérêt à lutter contre ce système économique. C’est ce que j’entends par classe sociale. Ce n’est pas la seule division au sein de la société : les femmes continuent de travailler pour 78% du salaires des hommes, et fréquemment à soutenir les hommes dans leur vie privée et les personnes de couleurs sont aussi à 78%. Ce n’est pas des chiffres qui expriment une réalité statique, mais le résultat de la perpétuation de violence et d’injustices qui se maintiennent et se renforcent dans le temps. On l’a vu avec les luttes féministes, s’il n’y a pas d’effort organisés pour défendre la cause des femmes, aucune avancées n’émanera pour elles. Pour rendre la société plus juste, il faut redonner les moyens de production aux travailleur-euse-s, et reconfigurer la production de façon a ne pas reproduire les inégalités sociales. Nous, on croit que de créer des alternatives sert à la lutte politique, et la lutte politique sert à la fois aux alternatives, et c'est pourquoi on veut montrer dans cette présentation les espaces de synergies entre la résistance anticapitaliste, féministe, anticoloniale et antiraciste et la création d'alternatives.

Encore de nos jours, on note deux régimes d’appropriation du travail. Le premier par le capitalisme, dans le contexte du travail, et le deuxième du travail des femmes par les hommes, à l’échelle de la planète (pas que ca se passe nécessairement comme ca chez vous), qui s’occupent des enfants, de la famille et trop souvent des tâches ménagères. On le voit encore plus dans les situations difficile, les mères d'enfant considérés handicapés se tappent 95% du travail relié. C'est parce que le capitalisme et le patriarcat marchent main dans la main: les femmes sont celles qui quittent leur emploi en premier pour prendre soin des personnes malades, parce que généralement, elles gagnent moins. Si on aboli le travail, on le repousse dans la sphère privée de la famille, et on risque beaucoup de recréer les injustices déjà existantes dans la société. C’est en grande partie pourquoi les coopératives de travail sont intéressantes, sans être privées et sans être des entreprises, elle sont une forme alternative, qui risque aussi de reproduire les injustices du mode d’appropriation privé, mais qui sont aussi un laboratoire de lutte contre les oppressions.

C'est justement de là que vient Koumbit. C'est les administrateurs système d'un site d'information indépendant, qui, avec leurs compétence dans les mouvements de résistance contre le sommet des amérique, qui ont transformé l'hébergement en une coop de travail. Bref, j'aurais pas de job, si ca serait pas de la lutte contre le sommet des amérique, qui leur a donné formation et une volontée d'organiser une structure égalitaire.

Les relations de travail sont au centre du capitalisme et sont supportées par l’état. Les patrons tente d’extraire un maximum de notre temps de travail, en réduisant le temps de travail nécessaire pour produire des biens et service. Les structures de travail sont fortement influencées par le fait qu’il n’y a qu’une personne qui contrôle : les travailleur-euse-s à la base sont supervisés par les échelons supérieurs, de façon à ce qu’une seule personne puisse au final prendre les décisions. Même chose dans la structure de redistribution de la richesse : ceux et celles qui surveillent sont mieux payé-e-s que ceux sont surveillé-e-s pour réduire la corruption, jusqu’en haut de la pyramide. Selon les statistiques, les patrons tirent en moyennes 30% du salaire d’un employé, par employé (si tu travaille de 9 à 5, à partir de 14h30, ton salaire va directement ton patron), et quand les entreprises sont en bourse, l’augmentation des profits est nécessaire au maintient des investissements. Et évidemment, puisque la majorité des biens sont produits par des entreprises cotées en bourse, qui déterminent la production de masse des biens et services et qui « nous empêchent de produire ». Effectivement, ce qu'on peut produire devient limité par le mode de production.

Par exemple, dans le domaine du textile par exemple, on trouve des t-shirts chez les grossistes à 2.25 dollars. Avec un salaire de 15$ de l’heure, on voit facilement comment « on ne peut plus produire de t-shirts », à moins d’être capable d’en produire 8 par heures, et ce en ignorant le coût des matériaux (!!). Une fois soumis aux marché, on est contraint à produire pour les prix du marchés. Les coopératives peuvent s’insérer dans certains secteurs précis de l’économie, mais à moins d’être prêt-e-s à s’exploiter aussi intensivement que les usines de la Chine ou d’Haïti on ne peut faire compétition « à arme égale ». Le capacité de produire des biens « écoresponsables », de commerce équitable, biologique ou autre est seulement justifié par le fait que ces biens ne sont pas entièrement dominées par une production de masse, ce qui se résorbe déjà dans certains cas. Pour être précis, c'est à cause de l'impérialisme et de l'appropriation des tâches intellectuelles nécessaire au fonctionnement de la société par les pays du Nord, on peut mettre en place des coops en technologie. Les craques dans le systèmes sont minces et rares et sont strictement dépendantes du niveau d'exploitation ambient.

Toutefois, en reprenant le contrôle sur nos espaces de vie, on voit facilement comment on peut transformer ce mode de production. On peut partager les responsabilités collectivement, décider collectivement, et même si ca serait moins efficace (ce qui n’est pas le cas), on voit comment la confrontation des idées permet de dégager des décisions d’affaires plus efficaces. La fédération des coops du Québec a montré que l’espérance de survie des coopératives dans les 5 premières années est beaucoup plus grande que les entreprises privées. Justement parce que les coopératives sont marquées par des valeurs d'entraide et de collectivisation, lorsque des problèmes surviennent, plus de personnes peuvent mettre l'épaule à la roue pour aider à faire avancer la situation.

De plus, les décisions émanent du bas de la pyramide. Les gens qui se rendent compte des problèmes ont la responsabilité de les faire remonter au collectif s'il-le-s le juge nécessaire. Au contraire, dans l'entreprise privée, les objectifs sont déterminés par le haut, et plus les entreprises sont fortement hierarchisées, plus les décisions sont prises à distance de la compréhension technique de l'origine des problèmes.

Ainsi, on voit une cassure majeure entre la culture entrepreneuriale dirigée par des décision d'affaires, soutenu entre autre par le positionnement stratégique pour l'aquisition de marché, la livraison dans des délais dictés par les impératifs financier et la dictature du marketing, en opposition à une utilisation efficace des moyens de production tenue par les travailleur-euse-s. Les dynamiques d'affaires sont en effet très opposées au "bon fonctionnement" des moyens de production. En effet, pour qu'il soit possible de spéculer sur la valeur des entreprises, il est nécessaire que la valeur oscille fortement, si possible de manière prévisible pour ceux et celles qui possèdent des actions.

Cette cassure montre que les patrons se préocuppent peu du fonctionnement effectif de leurs organisations et amplifie la tension de classe entre les employé-e-s et les dirigeants. On pense entre autre à l'action syndicale, mais il existe une foule d'autre forme de résistance, par exemple 2014-2015, 123 milliards de vols ont été rapporté dans les entreprises, attribuable à 40% aux employé-e-s.

De plus, rappelons le principe d’incompétence qui pendant longtemps structurait les entreprises hiérarchiques, dans lequel une personne recevait des promotions « tant qu’elle était bonne pour faire le travail », c’est-à-dire qu’à terme, toute les personnes « bonnes à une tâche » finissaient dans des tâches où elles ne sont plus compétente, soit où elles ne recoivent plus de promotions.

On voit comment à la fois la production de masse industrielle est insoutenable et dépend toujours d’une exploitation innommable, mais qu’elle réussi toujours à se maintenir, malgré les vols, une gestion autocratique et des principes de gestions pour le moins disfonctionnel. Parce que tout le monde se fait voler le tier de son temps de travail par les patrons, ca réussi à tenir.

C’est dans cette petite fenêtre d’opportunité, dans laquelle, si les camarades viennent ensemble pour mettre en commun leurs habilités, avec peu ou pas d'investissement, on peut réussir à être plus efficace que les patrons, dans certains marchés. Toutefois, les dynamiques d'investissement étant essentiellement une gamique où les gens d'affaires ne se prêtent qu'entre eux, il y a beaucoup de récifs à éviter. D'un côté, la coopérative par excellence au Québec, c'est le réseau desjardins. On voit comment les dynamiques d'affaires ont tranquillement mangé de l'intérieur le mouvement. C'est facile pour des coopératives de devenir "privées" au sens où elles se coupent de leur base. Même dans les coopératives de travail, on note une fermeture après quelques années, où les dynamiques établies veulent rester les même.

Toutefois, on pense que c'est possible de rester politique, et justement, c’est ce à quoi ca peut servir une coop :

On le voit le plus clairement avec les luttes syndicales : en augmentant le coût de production général dans la société, on augmente la marge qui nous est allouée pour pouvoir exister. En forçant les autres entreprises à avoir des pratiques vaguement respectueuses de l’environnement, on donne une chance aux coopératives qui mettent en application de telles pratiques sans qu’on leur demande. Bref, en général, l’organisation collective du travail bénéficie les mouvements de résistance et les mouvements de résistances devraient pouvoir bénéficier des coops en retour.

Que l’on encourage la lutte contre le G7, contre les oléoducs, contre le militarisme ou la lutte féministe, il faut que la lutte menée dans les coops en sorte et s’attaque aux formes d’oppression existante partout autour d’elle. Nous ne serons libre que lorsque toutes et tous seront libres, et on sait que les patrons ne nous laisserons partir avec leur butin sans résistance. La lutte pour des meilleures conditions d’existences doit se faire dans les espaces collectivisés comme les coops, mais aussi partout, contre les patrons, les gouvernements qui ne veulent que nous appauvrir en donnant des milliards à ceux qui nous exploitent, contre le colonialisme qui continue ici comme ailleurs, et contre l’impérialisme qui maintient le 3/4 de la planète dans une pauvreté abjecte.

ComitéVieAssociative/AtelierGrandeTransition (last edited 2018-06-06 11:07:17 by GuillaumeBeaulieu)